
Ce musée dédié au début du XXe siècle est également une formidable aventure humaine entamée par Michel et Christelle Boom. Grâce à leur volonté, leur ingéniosité et un travail énorme, ils sont parvenus à créer une machine à remonter le temps, habités par leur passion commune.
Michel Boom est sans aucun doute un précurseur en matière de recyclage et de récup’ ! Et c’est grâce à cette faculté de conservation incroyable que ce projet pharaonique a pu voir le jour… “Je n’ai jamais supporté de voir des objets abandonnés et inutilisés !”, nous confie-t-il. “À l’âge de sept ans, j’ai commencé à tout récupérer et à tout stocker. Ces objets étaient mes petits trésors. Je ne me résignais pas à les voir délaissés, alors qu’ils ont tous une histoire.”
Des objets abandonnés récupérés
Tous les objets que l’on peut aujourd’hui admirer dans cette Rue du temps qui passe, et qui nous interrogent parfois, ce sont ceux que Michel a conservés au fil du temps. Il est le co-fondateur, co-architecte, co-conservateur et co-animateur de ce musée incroyable. Sa coéquipière n’est autre que sa fille Christelle, qui a mis la main à la pâte pour dessiner et construire de leurs mains, armés de leurs seuls outils et de leur détermination, cet endroit unique à Allas-les-mines, à quelques kilomètres en aval des Milandes et autres joyaux de la vallée de la Dordogne.
En arrivant dans les lieux, Christelle nous accueille avec sa bonne humeur dans un grand hall pavé. On est immédiatement plongé dans l’ambiance – Django Reinhardt fait chanter son violon dans les haut-parleurs et le comptoir du café de quartier reconstitué donne envie de siroter un ballon de Bergerac (avec modération… mais aussi tant de plaisir) ! Michel n’est quant à lui jamais bien loin. Pas plus que Titouan, le fils de Christelle, une troisième génération passionnée par la mécanique et par ce lieu créé par sa mère et son grand-père.
Chaque pièce de la collection est un trésor
“Ça, c’est le premier objet que j’ai trouvé et que j’ai décidé de garder quand j’avais six ans et demi”, lance Michel, les yeux pétillants, en nous montrant les restes d’une montre à gousset. “Je la trouvais extraordinaire, cette montre. Parce qu’à l’époque, on avait bien moins de choses que maintenant. Et puis parce que j’y avais repéré des poinçons et que du coup, je me sentais riche avec ce trésor !”
Le projet d’un père et de sa fille…
Après avoir récupéré un ancien atelier de plus de 1 000 mètres carrés totalement “dans son jus”, sa fille et lui ont eu l’idée d’un grand musée dans lequel on pourrait se replonger dans une époque lointaine, mais pas tant que ça. “Il fallait à tout prix montrer la multitude d’objets que mon père a conservés, affirme Christelle. Pour les anciens, qui se souviennent de ces traces du passé, mais aussi pour les enfants qui n’ont pas connu cette époque. Quand les petits arrivent ici, ils sont surpris de découvrir un vieux téléphone, eux qui n’ont connu que les smartphones ou les appareils modernes à touches…”
Une sacrée dose d’huile de coude
Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas que les enfants qui sont fascinés par cette petite merveille de musée, que Michel et Christelle ont entièrement réalisé eux-mêmes, avec une sacrée dose d’huile de coude et d’ingéniosité. Le lieu semble d’ailleurs habité par cette passion qu’ils ont en commun.
Ce musée où l’on déambule est une machine à remonter le temps. On y découvre, dans des reconstitutions de rues d’antan, de vieux métiers oubliés en scrutant à travers les vitrines pour apercevoir des tas d’objets oubliés, des boîtes, des jouets, des outils – ceux du coiffeur, du boucher, du médecin, du cordonnier, du caviste, du relieur-imprimeur, du bourrelier, du charron, du chapelier et on en passe. Quant à l’échoppe du boulanger, elle est la réplique de celle du film La Femme du boulanger que Pagnol adapta à partir d’un épisode du roman Jean le Bleu de Jean Giono.
Un lieu habité par la passion
Tout semble vivant, comme si les habitants de cette bourgade imaginés par deux générations de créatifs avaient quitté les lieux quelques minutes avant notre arrivée. Cette année, de nouveaux espaces ont fait leur apparition dans un morceau de rue supplémentaire, entièrement façonné en famille. Celui du sabotier où l’on retrouve également un métier de menuisier, du photographe, de l’électricien vendeur de luminaire, du tapissier-décorateur, du réparateur de vélo et de motocyclettes, ainsi qu’une pièce de vie.
À l’extérieur, la forge a fait son apparition et pour la saison prochaine ou la suivante, une partie avec des
automobiles d’avant 1940 s’étendra sur 100 m2 supplémentaires.
Frédéric Lafeuille-Lemont




Article paru dans le magazine L’Édition Périgord spécial économie 2024
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