Implantée en Dordogne depuis plus de trois siècles, Guyenne Papier ne cesse d’innover pour se réinventer. Bilan des courses : dans son domaine, l’entreprise est un des leaders en matière d’innovation éco-responsable avec sa gamme “Sunibarrier”. Cette gamme de papier  propose de remplacer le plastique grâce à un procédé d’enduction qui lui confère les propriétés des emballages alimentaires thermoscellables. De quoi réjouir Dame Nature !

Il était une fois l’un des fleurons de l’économie périgordine, garant d’un savoir-faire séculaire. Pour autant, il a su faire évoluer ses pratiques, ses machines et ses projets amorçant des changements innovants au fil des siècles.

Aujourd’hui, Guyenne Papier se tourne vers les solutions alternatives au plastique d’emballage. “Se réinventer est dans l’ADN de notre société, insiste Céline Procop, PDG de l’entreprise située à Nanthiat. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de perdurer depuis sa création en 1689, de se moderniser sans cesse et de faire face à la vague de la désindustrialistion liée à mondialisation.”

Des solutions face aux plastiques à usage unique

Toujours se tourner vers l’avenir, tel est le talent de Guyenne Papier. Et c’est bel et bien le futur qui intéresse l’entreprise périgordine. Le sien, mais aussi celui de notre pauvre planète malmenée. Comment? En misant sur des alternatives au plastique en phase avec la récente prise de conscience écologique et la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Une loi de 2020 qui entend accélérer le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et de préserver nos ressources naturelles, la biodiversité et le climat. Et ce, à très court terme, puisqu’elle impose la réduction de 25 % de l’utilisation d’emballages plastiques à usage unique dès 2025.

La Sunibarrier, une gamme révolutionnaire

Dès 2021, Guyenne Papier se lançait dans la quête aux papiers dont les propriétés se rapprocheraient le plus possible de celles du plastique. Le tout sans produits controversés, sans film plastique, sans substances chimiques associées au plastique.

L’objectif est que ces papiers soient le plus biodégradables possible, mais qu’ils bloquent les odeurs, les graisses, l’eau, l’humidité, les vapeurs, tout en étant thermoscellables. Est ainsi née la Sunibarrier, une gamme des plus révolutionnaires pour l’industrie et l’agroalimentaire, puisqu’elle est composée de solutions durables d’emballage. “Nos papiers peuvent être utilisés en alimentaire, en cosmétique, en industrie, précise la dynamique dirigeante de Guyenne Papier. Bref, partout où il y a du plastique.”

Dégradable et compostable

Les produits de la gamme Sunibarrier – qui ont permis à Guyenne Papier de remporter une victoire aux Oscars de l’emballage en 2023 dans la catégorie transformation papier-carton – combinent trois facteurs vertueux. Primo, une fabrication éco-responsable (choix des matières et des procédés de fabrication). Secondo, des fonctionnalités qui n’ont pas à rougir face aux plastiques. Et tertio, une recyclabilité supérieure à 92 % – le Greenbeee, un papier 100 % biosourcé pouvant servir à emballer le savon, le chocolat ou les denrées sèches (dentifrice ou shampoing en poudre), est même 100 % dégradable et compostable. “Le plastique est une très belle matière qui devrait être utilisée comme le verre ou fer, mais non avec une approche systématique, selon Céline. Il est la plupart du temps surperformant par rapport à l’utilisation qu’on en fait.

Il paraît donc aberrant d’utiliser des films plastiques là où le papier peut faire l’affaire.” Surtout quand on sait que seuls 9 % des plastiques de notre consommation sont réellement recyclés et que la plupart des plastiques ne sont pas biodégradables.

La balle est dans le camp du consommateur

“Mais restons honnêtes, insiste Céline, nous avons nos limites : on ne fait pas de papier transparent comme le plastique. Translucide à la rigueur. Il faudra donc que le consommateur se résolve à faire confiance au produit sans en voir exactement les contours.”

Des fabricants de salades y ont d’ailleurs perdu quelques plumes en proposant des emballages opaques, ce qui a drastiquement fait chuter leur vente et qui les a conduits à rebrousser chemin pour revenir à des emballages plastiques transparents. “À quel point le consommateur est-il prêt à repenser son mode de consommation et à changer ses habitudes et des attentes ?” : c’est là la question centrale, selon la PDG de cette entreprise de 50 salariés et aux 12 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel : les Périgordins peuvent en être résolument fiers.

Frédéric Lafeuille-Lemont